Par Sylvain BRESILLION.
CR UTPMA (Ultra-trail du Puy Mary Aurillac, 105 km, 5600 m de d+, 20/06/2015)
Introduction
Comme souvent lorsqu’il s’agit de s’inscrire aux courses, objectif principal de la future saison on s’y prend un peu à l’avance en profitant de la fin de l’automne pour se dire « Qu’est-ce qu’on fait l’année prochaine et où on va ? ».
Ayant eu l’occasion l’année d’avant de traverser le Gévaudan, l’Aubrac et la Lozère pour rejoindre le sud de l’Ardèche je m’étais dit qu’il n’y avait pas que les Alpes dans la vie d’un traileur… Cela s’est confirmé en regardant les images de L’UTPMA 2014 et l’ultra Lozère, un 110 km en deux étapes. Je propose ces deux trails à mon ami Gilles qui m’avait dit « l’ultra c’est pas pour moi ! ». Réponse : « Ok pour l’UTPMA ! » Yes ! Nous nous sommes inscrits dès l’ouverture des inscriptions car il n’y a que 500 dossards attribués sur la « grande ».
Le printemps : épisode 1 tout va bien
Donc planification de la saison jusqu’à juin avec notre traditionnel course des 3 Pignons (21 km nature) début mars dans la forêt de Fontainebleau pour entamer la saison puis l’Urban Trail de Lyon (35 km 1500 m de d+, voir compte-rendu sur le TTT) au mois d’avril et enfin préparation pour l’UTPMA de 8 semaines avec 2 week-ends choc prévus :
– séjour en Vercors à côté de Villard de Lans pour bénéficier des parcours de la Station de trail le week-end du 1er mai avec 2 jours entiers de rando course en fin de 1ère semaine.
Puis
– séjour au Mont-Dore le week-end du 23-24 mai avec une journée et demi de rando course en fin de 4ème semaine.
La météo du 1er mai dans le Vercors nous a obligés à faire des petits parcours moins dangereux mais 3h30 de rando course sous la flotte le matin… bien suffisant !
Le lendemain Carole nous rejoignait depuis Grenoble par le car à Villard pour une reprise en montagne après son 24 heures « hollywoodien » de Confluent et avant de courir l’Ultra Draille 15 jours plus tard. Journée super, pas de pluie, chic !
Retour à Clamart le dimanche en déposant Carole au passage à Grenoble. Puis le soir je boitais bas, problème au releveur du tibia gauche. Premier auto diagnostic : tendinite tibiale du releveur : Flector plus glace.
Le printemps : épisode 2 la(es) blessure(s)
Plus rien le lundi soir, je pars courir… Je n’aurais pas dû !!! J’ai dû aggraver ma blessure. Glace le matin, glace le soir. Je regarde ma bible du trail « Guide de l’ultra-trail » de Guillaume Millet au chapitre « Blessures courantes du traileur ». Résultat soit tendinite tibiale du releveur soit périostite du tibia et pas de délai de guérison mentionné. C’est décidé j’arrête de courir 15 jours jusqu’au week-end au Sancy !
Jeudi après le boulot je passe en coup de vent chez Karine une copine du tennis de table qui a son cabinet juste à côté de mon club et qui est kiné de l’équipe de France Jeunes depuis plusieurs années. Diagnostic : périostite, cela ne fait aucun doute au vu de la bosse sur mon tibia ! Question :
« Je fais une course fin juin, est-ce que tu crois que je serai guéri ? »
« Oui ça devrait le faire »
Je n’ai pas osé lui dire que c’était pour faire un 105 km en montagne de peur de ne pas avoir la réponse souhaitée. Merci Karine, c’est passé !
Glace le matin, glace le soir puis départ pour le Mont-Dore au gîte « Les Camélias » où nous attendent nos hôtes, un couple de hollandais qui ont traversé l’Amérique du sud en vélo notamment, dont le mari détient tous les records d’ascension des cols du coin sur Strava [ça c’est pour Arnaud (nono69) ;-)] et dont la femme participe à quelques trails en plus du vélo. Bref, lorsque vous êtes cycliste, traileur ou vttiste c’est là où il faut séjourner si vous voulez être conseillé en fonction de ce que vous êtes venu faire là-bas en plus de la cure de desserts de myrtilles sous toutes les formes !
Départ le samedi matin pour le 34 km (2400 m de d+) du Trail du Sancy. Bon test pour savoir si le tibia va mieux. Il tiendra… 4 heures… Ensuite, un peu plus de 4 heures de galère surtout dans les descentes. En plus nous nous sommes perdus après la pause pique-nique dans la vallée de Chaudefour où on a perdu environ une heure et 4 km.
8h12 en tout pour 42.2 km et 2600 m de d+ au Garmin de Gilles qui a été bien sympa de m’attendre alors qu’il semblait déjà péter la forme contrairement à moi. Glace et re-glace…
Du coup, retour le dimanche matin au lieu de l’après-midi et dans la voiture une idée en apparence saugrenue de Gilles : « Et si on faisait une sortie vtt en fin d’après-midi et voir si cela ne te fait mal ou pas ? »
Aussitôt dit aussitôt fait ! pas de douleur en appuyant sur les pédales ! Deux heures de vtt plus tard… la différence de gabarit est flagrante sur le plat, aucune puissance dans les jambes mais je me rattrape dans les côtes.
C’est décidé : 2 semaines d’entraînement vtt avant un test 15 jours avant la course : une sortie aux 25 bosses à Fontainebleau le samedi 6 juin avec la boucle supplémentaire, on avait mis 4h45 il y a deux ans.
Nous passons prendre notre amie Cécile qui elle se prépare pour son premier ultra de montagne, la Montagn’hard le 4 juillet (110 km, 8000 m de d+). La première partie des 25 bosses se passe bien, on rejoint le parcours « bleu » pour la boucle supplémentaire, ils vont vite devant, je n’arrive pas à les suivre. Ils se trompent de chemin. Vive le téléphone portable, on se retrouve puis on reperd la trace près d’un parking. Là vient l’anecdote : j’aperçois un ancien, les cheveux blancs, dans les 70 ans bien tassés, marchant en sens inverse de nous avec un t-shirt « Ultra Trail du Mont-Blanc ». Il doit connaître le réponse à nos interrogations : « C’est par là ! », « Merci, lui dis-je vous préparez quelle course ? La petite Trotte à Léon ! Bonne rando alors ! » Nous sommes des petits joueurs à côté de lui ! Cette année vous aurez droit jusqu’à 142 heures soit cinq jours et demi pour boucler les 300 km et 26000 m de d+ proposés ! Gilles et Cécile partent devant, je manque de rythme et on récupère le parcours classique. Un quart d’heure plus tard, en haut d’une bosse j’aperçois Gilles arrêté et Cécile… à terre ! Sa cheville gauche a vrillé et elle a senti quelque chose se rompre à l’arrière de la cheville, impossible de poser le pied par terre. On doit la porter à deux pour rejoindre un chemin qui soit pratique pour les pompiers et deux autres traileurs se proposent de nous relayer. Le chemin est atteint, les pompiers sont appelés et arrivent relativement rapidement. Cécile est rapidement prise en charge. Quelques jours plus tard et un scanner de la cheville… diagnostic il faut opérer, 3 morceaux de cartilage se sont détachés, la tuile ! La Montagn’hard est repoussée à une date ultérieure. Opérée le 19 juin, tout s’est bien passé, elle pouvait vivre notre course par procuration.
On refait une sortie le lendemain : le tibia tient. Il faut se reposer maintenant à défaut d’être bien préparé.
Fin du printemps : l’avant course
Départ le vendredi 19 juin matin pour Aurillac et notre gîte. Le départ a été avancé depuis notre inscription, de 4 heures samedi matin à minuit le vendredi soir. Ce n’est pas plus mal surtout au moment du solstice d’été, cela donnera la chance à plus de coureurs de finir avant le coucher du soleil et ses 22 heures. Par contre cela nous fait faire une nuit blanche avant le départ.
Le retrait des dossards se fait vite et nous sommes synchrones pour assister au briefing dans le palais des congrès. 427 bénévoles dont 7 urgentistes, 12 infirmières, 20 secouristes et 3 gendarmes du secours en montagne seront aux petits soins pour nous. Il y est fait une belle description portion par portion du parcours du 105 avec pas mal de surprises qui nous attendent. J’avoue que je n’enregistre pas grand-chose, ayant un bon coup de barre mais pas mal de nouveautés par rapport à l’année dernière.
Après on part en reconnaissance du gîte car nous devrions arriver pendant la nuit. On se met en tenue là-bas et on repart pour dîner en ville et attendre bien sagement le départ. Nous sommes bien accueillis par les propriétaires du gîte qui s’apprêtent à partir en vacances à vélo, 1300 km de la source du Danube jusqu’à Budapest avec une petite remorque, la tente et tout. On peut même laisser nos affaires et se reposer dans la chambre et partir le plus tard possible, royal. Il y a un restaurant au village suivant, nous serons ses seuls clients ce soir là. Nous nous mettons en costume de traileur. Je commence à tirer des plans sur la comète : en 1er : mettre moins de 24h, en 2ème arriver avant la nuit et enfin mettre moins de 21 heures et courir ensemble avec Gilles au moins toute la nuit et après le laisser filer car il tient vraiment la forme avec une super prépa. « On verra bien » me dit-il, « On ne sait jamais ».
Fin du printemps et début de l’été : la course, enfin !
Les barrières horaires :
* 1 er ravitaillement VELZIC : pK 17 – dernier départ du ravitaillement 4h15 700 D+
* 2 ème ravitaillement MANDAILLES : pK 39 – dernier départ 9h53 2336 D+
* 3 ème ravitaillement LE LIORAN : pK 59 – dernier départ 14h53 3811 D+
* 4 ème ravitaillement PERTHUS : pK 70-dernier départ 17h30 4456 D+
* 5 ème ravitaillement LE CAYLA : pK 84 – dernier départ 21h00 4842 D+
* 6 ème ravitaillement ST SIMON : pK 96 – dernier départ 0h00 5400 D+
Minuit, le départ est enfin donnée !
Aurillac-Le Velzic : 17 km parcourus 700 m de d+
Gilles : 02:18:58
Sylvain : 02:19:02
Ca grimpe sévère sur le bitume dans une rue assez étroite pour le peloton que nous sommes, puis nous nous enfonçons dans la nuit à la seule lueur de nos frontales, le terrain est presque plat, nos moteurs s’emballent, il va falloir les freiner si on veut arriver au bout. On essaie de courir ensemble avec Gilles, pas bien difficile sur ce type de terrain mais dès que la boue arrive et des parties techniques il est bien plus à l’aise que moi. Première descente très pentue et dans la boue, chouette j’ai bien fait d’avoir gardé mes bâtons dans le sac… 8 kilomètres dans la première heure, ça ne va pas durer et on risque certainement de le payer plus tard. Mon moral est au beau fixe bien que je commence à cramper à la fois des mollets et des doigts de pieds, ça promet !
Les multiples échelles que l’on aura à franchir au cours de la course (photo site UTPMA)
Le moral est au beau fixe, on remplit le camel, on mange un peu au ravito avec un petit bol de soupe pour moi et c’est reparti avec durant cette partie la traversée de la vallée de la Jordanne avec plein d’aménagements (ponts et escaliers en bois) dont on ne profitera pas avec l’obscurité.
Le Velzic –Mandailles : 39 km parcourus 2336 m de d+ (étape 22 km 1636 m de d+ en 03 :57 :13)
Gilles : 06:14:14
Sylvain : 06:16:15
Un des multiples escaliers le long de la Jordanne. (photo site UTPMA)
Pour le marathon, la vallée de la Jordanne était traversée de jour. (photo site UTPMA)
Au bout d’un peu plus de 3 heures de je décide de m’arrêter afin d’enlever mes manchons de compression qui sont trop efficaces et provoquent des contractures au mollets virant en crampes. Ca va mieux sans ! Et quelques euros économisés à l’avenir ! Après la vallée les premières véritables difficultés conséquentes apparaissent. J’en profite pour sortir mes bâtons que je ne quitterai plus par la suite. Je tâche de boire toutes les 10 minutes et de manger toutes les heures et, pendant la nuit de manger les pâtes de fruit à la caféine d’Isostar aux fruits rouges (très bons, merci Juliette !) toutes les deux heures afin de ne pas avoir de coup de barre. Je varie entre les pâtes de fruit, différentes barres et les compotes. Quasiment toute mon alimentation portée provient de ce que l’on a eu chacun en produits Isostar lors de la journée sortie off/déjeuner/assemblée générale du TTT. Merci encore Juliette tout est passé à part la barre banane que je n’ai pas emportée pour cette course, trop écœurant…
La dernière descente avant le 2ème ravito de Mandailles est pentue et boueuse à souhait ! Je tente la technique de la luge mais ça ne glisse pas assez. Et debout ce n’est pas simple de ne pas tomber, bref Gilles est parti et je ne le reverrai qu’après la descente. Puis de l’herbe nourrie de rosée c’est pas mal non pour la glisse mais je ne suis pas skieur !
Je retrouve Gilles au ravitaillement qui n’a pas l’air bien. Au premier ravito il n’a pas pensé à secouer sa poche à eau après avoir ajouté sa poudre énergétique ce qui a bouché son tuyau pendant un petit moment et l’a empêché de bien s’hydrater.
Mandailles-Le Lioran : 59 km parcourus 3811 m de d+ (étape 20 km 1475 m de d+ en 05 :48 :04)
Sylvain :
CP3 – Le Lioran Entrée 20/06 11:47:21
CP4 – Le Lioran Sortie 20/06 11:54:19
Gilles : Abandon
On repart ensemble et quelques instants plus tard je lui demande si ça va alors que moi je suis toujours sur mon petit nuage… « Non ». Je lui dis de s’accrocher mais au bout d’un peu plus de 7 heures de course il me dit qu’il abandonne et va redescendre au ravitaillement. Il ne prend pas de plaisir et a sué à grosses gouttes quelques temps avant, signe d’une grande déshydratation nous informera Cécile après coup qui suit notre évolution par le site et nous envoie des texto d’encouragement (merci Cécile !). Je n’oublie pas de lui laisser la clé de la voiture plus mes gants qui ne m’ont pas servi. C’est pas top tout ça, maintenant je cours pour Cécile et pour Gilles afin qu’un de nous deux finissent et vu qu’il ne reste que moi… Allons-y !
C’est la portion la plus dense de la course qui commence : 20 km et 1500 m de d+. Elle va s’avérer très longue pour moi, recalculant ma moyenne au fur et à mesure et qui n’arrête pas de baisser. On était partis sur des bases inférieures à 20 heures mais les pentes sont rudes et je suis peu entraîné. Mes descentes ne sont pas terribles mais ça va encore.
Il fait beau, le ciel est dégagé mais lorsque le vent souffle, le coupe-vent est de rigueur.
Ma pomme sur une crête au matin, je n’ai pas encore sorti la casquette saharienne et porte encore le buff du Taillefer sur la tête (photo site UTPMA)
Quelque part sur les sommets cantalous (photo site UTPMA)
La fatigue se fait sentir et le sommet du Puy Mary se rapproche. On rejoint un peu de bitume avant d’entamer son ascension par la voie normale c’est à dire un chemin bétonné légèrement pentu entrecoupé de marches d’escalier. Ce n’est pas très agréable, mes entraînements escaliers « spécial Lyon » sont loin maintenant mais la vue au sommet mérite le détour et on continue ensuite par un chemin de crêtes.
Le Puy Mary (1783 m) par le chemin officiel (photo Claude BRESILLION)
On a droit aussi à des parties d’escalade et de désescalade, pas facile d’avoir le pied sûr lorsqu’il reste un peu d’humidité.
Ils font de belles photos décidemment ces photographes ! (photo site UTPMA)
Le chemin est encore long pour le Lioran où mes parents qui m’ont fait la surprise de venir m’encourager m’attendent là-bas. « A quelle heure penses-tu arriver au Lioran ? » « Entre 10h si je suis super et 12h je pense ».
Ca redescend un peu pour mieux remonter puis une grosse descente avant une bonne montée pour rejoindre le Lioran.
J’arrive à peu près dans les temps, au dessus des 5 à l’heure, les 21 heures sont possibles pour l’instant…
J’aperçois mon père et ma mère plus loin, cool !
Arrivée juste avant le ravito du Lioran, changement de t-shirt et passage du t-shirt UTMB à celui du Taillefer Trail Team et 100 g de moins à transporter ☺ ! (photo Claude BRESILLION)
Gilles est là aussi en meilleur état que ce matin, douché, reposé et hydraté.
Je descends au ravito et remplis au maxi (je compte « sauter » le prochain ravito) : un peu de jambon et de pain de mie plus quelques fruits secs.
Le Lioran – Le Perthus : 70 km parcourus 4456 m de d+ (étape 11 km 645 m de d+ en 02 :24 :57)
Sylvain : 14:19:16
L’enthousiasme d’avoir croisé sa famille et ses amis décroît vite au vu de la montée bien pentue devant moi mais je ne suis pas le seul à être au pas…
Sur le replat au bout de 13h30 de course j’ai un coup de barre et me met à manger mon sandwich jambon-pain de mie. Le soleil est intense, les lunettes indispensables, il faut prendre son mal en patience. Ca remonte ensuite jusqu’au col, le fléchage nous indique qu’on redescend ensuite sur la gauche mais… non ! Il faut grimper en face le Puy Griou, 150 mètres de barres rocheuses !
Le Puy Griou (1694m) où comment finir finalement comme Anton Krupicka : à 4 pattes !
(photo site UTPMA)
Les bâtons me gênent plus qu’autre chose, je les prends dans une main. Un coureur que je vois au dessus grimpe à 4 pattes et cela a l’air bien plus efficace ! Je mets mes bâtons en travers de mon sac et je me mets à jouer à l’américain barbu ! Arrivé au sommet, même pas de flashage, on descend par un autre chemin plus carrossable et cette fois-ci on peut enfin franchir ce satané col ! Les paysages sont magnifiques lorsque l’on se donne la peine de lever la tête et d’admirer le panorama.
Pas de lignes électriques, ni de routes, ni de villages, ni de remontées mécaniques ! (photo site UTPMA)
Arrivé enfin au Perthus, je jette un coup d’œil sur mon camel et il est presque vide ! Deux litres presque en 2h30, pas mal ! Ma moyenne diminue encore et je suis en dessous des 5 à l’heure. En théorie il reste 35 km et 1000 m de d+ ce qui est faisable pour moi à ce moment-là mais. C’est sans compter sur la fatigue et une préparation tronquée par ma périostite. Mais mon tibia tient, ce n’est déjà pas mal, moi, qui deux semaines avant, avais envisagé de faire l’assistance et le supporteur de Gilles.
Le Perthus – Le Cayla : 84 km parcourus 4842 m de d+ (étape 14 km 386 m de d+ en 03 :03 :25)
Sylvain : 17 :22 :41
A partir de là commence le plus facile mais seulement si on est frais. Les descentes maintenant sont peu techniques (c’est pour moi ça !) mais impossible d’avancer, les cuisses dérouillent et je me vois me faire doubler et ça pour le moral ce n’est pas bon du tout, les montée j’ai l’habitude mais pas pour les descentes ! Le coup de barre et de fatigue que j’ai eu à 13h30 de course n’est pas vraiment passé et me restera jusqu’à l’arrivée. Je croise et recroise toujours les mêmes coureurs, un normand bavard me parle de son premier ultra, l’Echappée Belle et de la technicité qui a obligé de nombreux coureurs à abandonner car étant au-delà des barrières horaires. Il a ensuite trouvé l’UTMB bien plus facile et l’a terminé. Je ne parle plus depuis bien longtemps et fais des signes de tête ou avec mes bâtons pour remercier les gens de leurs encouragements.
Pas un nuage dans le ciel pour cette journée ! (photo site UTPMA)
Tout se fait au mental. Je continue de bien m’alimenter : aucun problème avec les aliments sucrés, un peu de Monaco de temps en temps pour avoir un peu de salé.
Le Cayla – St Simon : 96 km parcourus 5400 m de d+ (étape 12 km 558 m de d+ en 02 :14 :19)
Sylvain : 19:37:00
Il reste 9 km pour en finir avec mon chemin de croix. Là, j’ai juste pointé et suis parti du ravito, ayant largement de quoi tenir en eau jusqu’à l’arrivée.
9 km en 1h23 c’est possible mais je ne dois pas me rendre compte de mon état physique.
St Simon – Aurillac : 105 km parcourus 5600 m de d+ (étape 9 km 200 m de d+ en 02 :09 :45)
Des finishers courageux de l’année dernière (30°C 55% d’abandons) nous préviennent qu’après être descendu dans un lotissement d’Aurillac on refait une grimpette pour mieux revenir ensuite vers la ville. Elle n’en finit pas cette côte !
Un autre panorama de ce Cantal magnifique (photo site UTPMA)
On a couru beaucoup sur du bitume sur le dernier quart de course. L’objectif est maintenant d’arriver avant 22h00 et le coucher du soleil, afin de ne pas remettre la frontale… Ce sera juste, un peu sombre dans le dernier bosquet avant d’atteindre la ville. Je trottine afin de voir enfin l’arrivée. Elle arrive ! Je check Gilles juste avant les 20 derniers mètres et je me fais gentiment pousser par deux coureurs qui arrivent à une vitesse normale ! Merci les gars !
Sylvain : 21:46:45
204ème sur 340 finishers (541 inscrits, 524 partants, 35% d’abandons ou hors délai), je suis aux 60 % des finishers et aux 39 % des partants.
Un béret cantalou m’est donné à l’arrivée et je « fonce » au ravito et demande une chaise car je ne me sens pas très bien. Du melon, de l’orange et de l’eau mais ça ne va pas fort. Gilles m’aide à faire les quelques mètres qui me séparent du PC médical où je préviens que je vais faire un malaise vagal. On m’allonge en surélevant les jambes et je fais aussi mon baptême de couverture de survie : très efficace lorsqu’on se met à trembler de partout. Une tension à 9/6 et une glycémie à 0.66 : une belle hypoglycémie ! Quelques morceaux de sucre pour faire remonter tout ça et j’en profite pour lire les textos que m’avait envoyé Cécile. Un message aussi mais impossible à écouter à cause de la sono qui n’est pas très loin, pas facile de discuter non plus. J’ai bien dû y rester une heure puis nous rejoignons la voiture avec mon sarcophage doré autour de moi et rejoignons le gîte pour une nuit de sommeil bien méritée et des chaussures plus propres qu’au départ…
Conclusion
Un ultra avec une préparation tronquée par une blessure c’est faisable, en ne mettant pas les bouchées doubles à la fin et en privilégiant la fraîcheur.
Pas de saturation au sucré cette fois-ci, j’ai varié avec 6 produits différents dont la plupart de la marque Isostar et c’est bien passé.
Une course certainement à refaire surtout que Gilles qui ne voulait plus entendre parler de ce type de course et qui eu une accumulation de soucis expliquant en partie son abandon veut prendre sa revanche.
Partir moins vite si on la refait sur le premier tiers de la course afin de garder de la fraîcheur pour la grosse moitié véritablement montagnarde du parcours située au milieu de ce trail.
Sinon pour ce trail :
Rien à redire pour le balisage, on ne peut vraiment pas se perdre.
Un parcours des plus variés allant du plat sur bitume à quelques petites parties d’escalade, il y en a pour tous les goûts. Il se gagne à un peu plus de 8.2 km/h de moyenne (12h45mn).
Peut-être à l’année prochaine, ça donne envie d’y revenir et d’en découdre sans blessure au printemps avec une préparation aboutie.
Le t-shirt avec le béret cantalou de finisher ! (photo Claude BRESILLION)