Par David MAJEWSKI.

La montagne étant mon point faible en trail, je m’étais lancé le défi des 80 km du Mont-Blanc, pour progresser dans ce domaine, et en profiter pour tenter une première expérience dans l’ultra-trail.
Pour une première expérience d’ultra, ce fut un échec sportif, car abandon au 60ème km et 4800 m de d+ dans les guiboles !! Mais ce fut une belle aventure humaine et j’en ai tiré de bons enseignements.

Revenons à la course et au week-end.

Jeudi, on arrive ma petite famille et moi à Chamonix. Un plat de pate, prise de dossard (très strict) et nous montons à la gare de Montenvers, pour sa vue sur la mer de glace, les Drus, les Grandes Jorasses… C’est superbe ! Ensuite nous nous rendons à notre bel hôtel tenu par des anglais, « chalet et spa » qui se trouve vers le complexe sportif, soit à 5 min à pied du centre ville, ce qui est parfait. Tout se passe bien, nous profitons pour découvrir cet endroit mythique qu’est Chamonix.

Vendredi : 2h du mat c’est partie.
Toujours les mêmes gestes, pour une préparation rodée.
Je me rends au départ en donnant rdv à Michaël. On se rend au départ tranquillement, et on balance des conneries, sur les traileurs qui nous entourent. Je pense que le team Salomon compte 350 personnes minimun lol ! On est détendue, c’est bien, peut-être un peu trop, j’ai plus l’habitude d’être tendu, concentré, au départ en général.
4h, Pan départ, je suis vraiment à l’aise et je remonte les places facilement ! Je mets la pression à Juliette ! Puis je file à mon train tranquille. Tout va bien, je double Caroline CHAVEROT qui souffle comme pas possible, puis reviens ensuite à hauteur de Laureline GAUSSENS, une future TTT ?
Je me dis calme toi mon garçon, mais en même temps je suis vraiment en gestion entre 70 et 75% de FCM, donc je me mets dans ma bulle. L’ascension est longue, mais passe bien. Le lever du Soleil sur le Mont-Blanc est tout simplement magique. Ravito 1, pause pipi, je resserre les NB Leadville et repart. Juliette en a profité pour me doubler. Je la reprends plus loin, et nous courrons un moment ensemble, prends un peu d’avance sur les balcons. Au Ravito 2, elle me redouble, on dirait une F1 qui passe au stand ! Moi je galère à sortir mes poudres, barres, mais je ne m’affole pas, c’est de l’Ultra.
Nous passons sous les Aiguilles Rouges, là ça commence à être bien technique. J’alterne mini relances et marche. Dans les descentes, ça va, je gère plutôt bien, mais je n’arrive pas à me lâcher comme d’habitude. Je n’ai pas le pied sûr dans mes NB, qui ne sont pas top dans les blocs, manque de maintiens ! Après une longue descente, j’arrive sur 2 km roulant. Je reprends 5 places facilement, j’ai la foulée des grands jours. Au ravito du Buet, je croise Nuria PICAS qui abandonne, j’aurais bien pris la pause photo, mais elle ne doit pas avoir la tête à ça. Je change de maillot, car le ON / OFF de Compressport me tiens chaud, je revêtis ma tenue de super TTT POWAAAAAAAAA. Je pars en direction du col de la Terrasse, tel un frelon asiatique, dopé par ma nouvelle tenue fluo ! Et d’entrée notre petit groupe de 5, emmené par Yulia une jeune Russe, partons dans le mauvais vallon. Le balisage était bien léger par moment, et ils eurent la bonne idée de mettre de la rubalise noire ! Enfin on redescend, et partons dans le bon chemin. L’ascension est longue, très longue, on n’en voit jamais la fin. Juliette est juste au-dessus de moi à 2 min, mais c’est tellement raide et technique, que la vitesse est pour tout le monde la même, sauf ceux qui pètent ! Col de la Terrasse, la vue sur le lac blanc, le barrage d’Emosson est sublime, mon 2ème coup de cœur de la journée. La descente se réalise sur de la neige dure, gondolée, c’est du ski. Quelques gamelles, mais je m’en sors plutôt bien étant bon skieur, comparèrent à ceux qui sont avec moi ! On en rigole, tant mieux y’a pas de bobo. Ensuite c’est toujours aussi technique ! Ouf ravito !
Ensuite je pense descendre sur Vallorcine, mais non ! On se tape des balcons, avec des chaines, mains courantes, marches métalliques, des blocs… Au début c’est rigolo, mais au bout d’un moment, ça commence à me gonfler sévère !! Ca fait un bon moment que nous marchons les 90% du temps, je commence à vriller mentalement, je regarde ma montre, 8h d’efforts et je ne suis toujours pas à Vallorcine, annoncé au 46ème km pour 3800 m de d+ ! Holalala, mais quelle galère.
Dans la descente sur Vallorcine, enfin on y arrive, mon pied se bloque entre deux rochers, et je me fais une petite extension du genou droit. Ca me tire un peu, du coup je force différemment, et c’est au tour de ma hanche d’être douloureuse!
Vallorcine! Ouf. Là, mentalement je commence à craquer ! Je me pose environ 25 minutes, avec une question qui boucle dans ma tête : Arrête toi là ou pas ? Mis à part le paysage, je ne prends aucun plaisir sur ce parcours, il y a trop de marche, c’est de la rando course. Bref, je croise Cyril, qui est dans le même état que moi, il en a marre ! Je décide quand même de poursuivre l’aventure, au cas où le mental, reprendrait le dessus. Montée des Posettes, ça repart fort, je double facilement des compagnons de galère. Allé vamos, je me dis, c’est repartie comme en 14. Arrivé au Col des Posettes, la chaleur me dérange, j’ai mal à la tête et je commence à vomir la soupe prise à Vallorcine. 10 minutes plus loin rebelote !
Là, je me dis stop ! Arrête cette connerie, ce n’est pas ton jour, finir pour finir, ne m’intéresse pas ! Je pense à ma chérie et petite Emmy qui vont m’attendre jusqu’au soir si je la joue égoïste. Je préfère arrêter et profiter du week-end avec eux. Je descends tranquillement à Argentière en alternant marche et footing ! Ce qui est rageant, c’est que musculairement tout va bien, les jambes n’ont aucune douleur, crampe… M’enfin !

Voilà Argentière après 12h00 d’effort environ, euh de balade plutôt, je donne mon dossard, sans gros regret. Tout le monde m’incite à repartir, c’est bientôt fini qu’ils me disent ! Moi ma décision est prise. Un jeune me pose devant l’hôtel, et je profite de la fin de journée avec mes femmes ! Je vois l’arrivée de Juliette. Nous poursuivons la soirée avec Cyril qui a abandonné à Argentière également, et Juliette autour d’une pizza. Nous suivons l’évolution de Michaël, pour voir si on a la chance de le croiser sur Chamonix avant d’aller nous coucher, mais non, il traine trop lol !!!
Voilà il est temps de faire dodo, j’ai de l’amertume, mais plein de belles images dans la tête.

Après quelques jours d’analyse, voilà ce que je tire de cette expérience :

* Bonne préparation physique, car très bien musculairement.
* Mauvaise préparation mentale, je me suis dis c’est du long, faut être cool, mais en fait il faut être aussi guerrier que sur du court, et être plus dans sa bulle. L’ultra c’est un combat contre soi-même avant tout. Je n’ai jamais eu l’esprit guerrier sur cette course, début de saison trop tôt ?
* Le trail en montagne n’est pas fait pour moi, je ne suis pas taillé pour, et autant j’adore faire de la rando course entre potes, mais en compétition, je n’arrive pas à me mettre dedans et cet effort m’énerve au bout d’un certain temps.
* Je vais me concentrer sur des formats entre Maratrail et long (jusqu’à 9-10h maximum) car au-dessus, je ne suis pas encore assez aguerri pour y prendre du plaisir. Je vais également choisir des parcours plus variés (pour coureur polyvalent que je suis), où la course à pied prime sur la marche.

Voilou ma péripétie,

A tanto les amis.

David MAJEWSKI (au premier plan) – Crédit photo : Peignée Verticale

9 thoughts on “80 km du Mont-Blanc : un échec, mais de bons enseignements

  1. Mon Mayou nous ne sommes pas tous taillés pour l’ultra et/ou la montagne. C’est également mon cas. Monter au sommet de la montagne et en redescendre deux ou trois fois sur une même course ne m’a jamais intéressé. Marcher les 3/4 du temps non plus. Il en faut pour tous le monde. Des courses pour nous, il y en a des belles : Templiers, Marathon des Burons, Lozère Trail, Pilatrail, SaintéLyon, Gendarmes et Voleurs de Temps, Crêtes vosgiennes, Landes et Bruyères, Trail du bout du monde… et de nombreux trails saucissons. Bonne récup et revient nous en gonflé à bloc pour les France et les Templiers.

  2. tres bonne analyse de toi meme je pense qu’avec du recul le souci est que tu vas revenir encore plus fort !!! 😉 et s’est pas bon pour nous et comme dit mister templiers on est pas tous pareil moi a l’inverse je suis plus gros trail bien montagnard!! mais 80 km j’avoue que je ne suis pas encore prêt et déjà de le tenter et voir meme de le finir et ben chapeau a vous!! a plus sur les chemins mayou de l’argentiere!! 😀

  3. super analyse mon mayou !!!!!!!! et cela est loin d etre un echec mon ami !!!!! ca m inquiete un peu pour moi en vue de l endurance trail car tu dis que tu n es pas assez agueri pour l utra et bien moi alors…….. bises reviens vite a bloc

  4. Un petit échec pour mieux rebondir.
    Tu n’avais pas la tête ce jour là, pour un ultra, mais tu restes un « guerrier » !!!!!
    Bonne récup. Mayou

  5. Yeap le polak ! C’est pas le massif des Carpates le mont blanc ! (ni bioubiou snif!) Moi je dis des bravosss quand même pour ton magnifique CR… pour avoir tenté l’aventure (c’est du lourd ce 80 !)… pour avoir eu les idées claires au moment où il fallait prendre une décision !
    A bientôt l’amigo

  6. Mon champion, no stress ca veut pas dire que tu n’es pas fait pour ça … tu y retyourneras avec la grinta !!!

  7. En tant qu’isérois, t’es forcément fait pour l’ultra-trail. Le parcours s’écartait manifestement trop des normes, par ses nombreux passages techniques ? Et sous-estimer le parcours de 10km, je trouve ça abusé, pour un championnat du monde.
    Puis-je te conseiller, l’an prochain, la CCC ? Une épreuve reconnue, pas technique, courue globalement de jour, et avec kilométrage et dénivelé fiables ?

  8. Merci à tous

    On verra l’an prochain, ce que je décide, mais je ne pense pas retenter l’expérience de l’ultra montagnard de suite….mais un ultra en bord de mer…verra

    là j’ai la tete à buis et milau

    gonflé comme un torro avant de rentrer dans l’arène

  9. Bravo Mayou, belle course malgré tout et beau compte-rendu ! C’est sûr que c’est pénible quand il y a 10km de trop, tu finis par plus savoir quand ça va se finir… Mais tu m’as donné envie d’aller voir moi-même ce lever de soleil sur le Mont-Blanc ! 🙂

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