Le « Roman » de Sylvain BRESILLION (TTT) sur sa première participation à la CCC®, (Courmayeur – Champex – Chamonix, 29-30/08/2014, 101 km, 6100 m de d+) :

COURMAYEUR-CHAMPEX-CHAMONIX 2014
101 KM 6092M+/ 6268M-

Trois semaines avant avant de rejoindre Chamonix sur la dernière sortie longue dans la forêt de Meudon ma montre Polar me lâche alors que la pile est récente, plus de chrono! Heureusement je cours avec mon ami Gilles qui a la gentillesse de m’accompagner alors qu’il n’avait pas de course à son programme depuis le 35km des Passerelles mis à part Paris-Versailles fin septembre. Mais 5 heures de rando-course ne sont pas vraiment nécessaires pour la préparer. Son Garmin nous permet de valider notre record de dénivelé dans le bois: 1293 mètres et 31,2km!
Pour les montagnards du Taillefer ça paraît bien peu mais quand le plus gros dénivelé dépasse à peine les 40 mètres…cela représente 51 côtes! Fermons la parenthèse.
Je change la pile mais un des boutons ne fonctionne plus. Je ré enlève la pile: résultat deux boutons cette fois-ci ne fonctionnent plus et plus il n’est plus possible de régler quoi que ce soit!
Je demande à mon voisin de palier triathlète de très bon niveau s’il ne courait pas avec une Polar: non Garmin. Avec mon poignet d’éthiopien je refuse gentiment son offre. J’appelle à la rescousse Olivier l’entraîneur de mon club de ping et six fois Ironman (Embrun, Roth, Vichy notamment ); j’essaie de le faire venir au trail mais en vain pour l’instant. Il me prête son Polar, yes! Problème résolu. Il me reste encore quelques sorties à faire, la montre fonctionne bien mais nous y reviendrons un peu plus tard…

Mercredi 27 août

Affaires prêtes je rejoins la garde de Lyon et arrive à l’heure prévue à Chamonix contrairement à mon ami Laurent avec qui je me suis inscrit et qui vient du plat pays rennais, pas une côte à moins de 20km de chez lui. L’hôtel est juste une rue derrière la place de l’arrivée: génial pour l’ambiance!
Après le dîner nous entendons le speaker annoncer l’arrivée du premier de la TDS, et c’est Xavier Thévenard, premier coureur à gagner successivement la CCC, l’UTMB et la TDS, et avec une bonne demi-heure d’avance sur son dauphin népalais. Chapeau!

Jeudi 28 août

Petit déjeuner. Nous sommes bien entourés en la personne de Monsieur Sébastien Chaigneau qui a pris le même hôtel que nous avec sa femme!
Le retrait des dossards étant à 10 heures nous y allons…pour 10 heures! Et là il y a foule mais c’est bien organisé: au moins une heure d’attente je ne m’en rends pas compte et c’est vraiment très international. Pour la vérification des sacs on tire une feuille au hasard. J’avais pris mon sac de course et notamment mes 17 heures de ravito (Un par heure, le ravitaillement étant pris en bonus) mais je n’avais pas pris ma tenue. Et il demande un buff! Laurent me prête son buff du TTT: il avait été présent tout comme moi à la reco du trail des Passerelles en 2012 alors que nous préparions les Allobroges. Lui a moins chance et doit retourner à l’hôtel chercher son corsaire mais il n’aura pas à refaire la queue heureusement! Je le saurai pour la prochaine fois: sac et tenue de course pour le retrait des dossards!
Déjeuner, puis je loupe de peu l’arrivée de Jean-Nicolas, un sympathique belge avec qui j’avais fait la reco UTMB à l’UCPA et Monsieur Dawa Sherpa (je n’ai jamais fait exprès à chaque fois, mes dates correspondaient aux leurs; Dawa Sherpa et Julien Chorier!). Mais il en a fini après une trentaine d’heure de course et est allé au bout.
Après-midi sieste puis promenade au salon du trail. Laurent achète un gel de caféine et moi je me laisse séduire par un maillot magique! En plus du renouvellement forcé de mes chaussures, de mon sac en juillet plus un corsaire, un jeu de bâtons Leki désarticulables et un verre pliable la CB a bien chauffé pour le trail, n’en jetez plus! Il fait vraiment beau et c’est sûrement parce qu’on a vraiment eu très peu de soleil à Paris cet été que j’en ai mal aux yeux malgré mes lunettes de soleil!
Nous revenons à l’hôtel et je soumets à Laurent profil à l’appui ce que j’avais commencé à lui présenter au téléphone. Lui ne pense pas aller au bout mais revient de deux semaines de randonnée tranquille avec sa compagne à Madère. Il avait aussi fait la reco UTMB avec moi en juin (voir Compte-rendu reco UTMB Allibert avec Julien Chorier) où malade il avait dû abandonner peu avant Courmayeur .
Bon grimpeur mais faible descendeur par rapport aux coureurs au niveau équivalent. Donc je lui propose et c’est l’objectif d’aller ensemble jusqu’au Grand col Ferret (km31,8) et d’avoir une avance suffisamment conséquente sur la barrière horaire et gérer ensuite pour pouvoir terminer et être finisher.
Re-sieste…
Nous voyions quelques coureurs en finir avec la toute petite dernière, l’OCC (53km 3300m+) remportée haut la main par notre parrain en la personne de Nicolas Martin!
Dîner puis bien sûr nous nous attardons à applaudir les coureurs qui en finissent.

Vendredi 29 août

Lever 5 heures pour prendre le bus à 6h15: il aurait fallu aller plus tôt pour le retrait des dossards afin d’obtenir un horaire plus tardif. Arrivée à 6h45 à Courmayeur. Un peu de marche pour rejoindre le départ. Heureusement que je sais à peu près où c’est car il n’y a rien d’indiqué. On reste un peu dehors, le temps est couvert mais clément puis nous nous installons à un café pour ne pas nous refroidir quand même et aller aux toilettes. Nous discutons avec un coureur qui vit à Annecy et qui a fait 252ème à la Maxi-race cette année mais m’a-t-il dit a été chronométré avec le deuxième temps sur la dernière descente pour rejoindre l’arrivée sur le lac. 8H40 nous rejoignons notre sas de départ: il y aura trois vagues, une à 9 h, 9h10 et 9h20 afin de mieux répartir les 1900 coureurs. Nous partirons à 9h10.
Un drone survole l’aire de départ et c’est parti pour la première vague. Je discute avec un écossais et c’est à nous! Enfin nous voilà partis pour ma plus grande aventure trail à ce jour :-).

Courmayeur (1210m)– Tête de la Tronche (2571m) km10,3 1435m+ 74m-
Sylvain 2:56:46 1409ème
Laurent 2:56:51 1410 ème

Nous courons le long de la rue commerçante et la route défile. Je suis surpris, la première demi-heure se passera sur le bitume avec très peu de secteurs où l’on marche et nous rejoignons ensuite un chemin. Large pour commencer puis cela se transforme en single et la forêt laisse place à un milieu plus découvert où l’on aperçoit le sommet (peut-être) et le chemin qui serpente entièrement rempli de traileurs. La même chose la nuit devrait être extraordinaire! Ca, c’est le bon côté des choses.
Dès que la pente a commencé à vraiment s’élever je ne me suis pas senti super bien. Je me suis pourtant bien reposé les deux dernières semaines mais peut-être en avais-je trop fait et j’ai mal au ventre et une envie impossible à contenter dans ce peloton de plein de promiscuité. On monte avec deux allemandes à nos côtés qui pourraient être no mères à tous les deux, Laurent et moi.
Mais revenons-en à notre mouton Polar…Moi qui cours toujours au cardio et boit toutes les dix minutes je m’aperçois que la montre s’est éteinte! Je la rallume et la règle puis elle me lâche à nouveau! Cette course démarre bien, je peste et puis je vois que le cache de la pile était mal fermé…
On va donc faire sans, n’ayant pas une pièce de 1 euros sur moi et aucune volonté de m’arrêter dans cette marée humaine et dans une ascension aussi longue. On fera donc sans. Je demande juste Laurent de me prévenir pour chaque heure passée afin de m’alimenter mais lui demander l’heure toutes les dix minutes ce serait un peu abuser, chose que je ferai un peu au début puis beaucoup plus rarement.
C’est vraiment étrange de faire une course où de plus on n’est pas toujours certain de ne pas lutter avec la barrière horaire et ce sans montre.
Après presque trois heures d’effort nous atteignons le sommet.

Tête de la Tronche (2571m) – Refuge Bertone (1992m) km14,7 1460m+ 678m-
Sylvain 3:34:04 1291ème 5 minutes d’arrêt
Laurent 3:34:03 1290ème 5 minutes d’arrêt

Je peux enfin m’arrêter dans un coin tranquille puis rattrape Laurent qui m’attendait en marchant dans le début de la descente. Là commence la partie la plus agréable de la course, une descente pas trop difficile puis balcon et une petite descente jusqu’à Arnuva soit 17km. Le massif du Mont-Blanc se dresse majestueusement à notre gauche et le soleil est même de la partie. Ma casquette saharienne a alors toute sa justification de même que les lunettes de soleil.
On double plus qu’à notre tour en trottinant, Laurent doutant la veille s’il aurait la force de courir sur du plat lui qui n’a pas couru depuis des lustres. Mais quand on a un record au 10km certes ancien et avec quelques kilos en moins en 37mn12 ça devrait le faire… et ça l’a fait!

Refuge Bertone (1992m) – Refuge Bonatti (2015m) km22,1 1746m+ 941m-
Sylvain 4:50:26 1316ème
Laurent 4:50:24 1314ème

Nous nous arrêtons remplir la poche à eau et repartons vers Bonatti. Le balcon est superbe, on en prend plein les yeux tout en regardant par terre tout de même, nous ne sommes pas sur du bitume. Le coup de cul pour aller à Bonatti est court mais ça pique. Nous ne faisons que passer pour nous ravitailler ensuite à Arnuva.

Refuge Bonatti (2015m) – Arnuva (1771m) km27,3 1851m+ 1290m-
Sylvain 5:50:34 1345ème 10 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 15 minutes
Laurent 5:50:34 134ème 10 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 15 minutes

Toujours un peu de balcon et une erreur d’inattention me fait glisser dans une petite descente pour traverser un ruisseau et je m’écorche le dessus de la main droite. Ca saigne mais Arnuva n’est pas loin et cela tombe bien, c’est le premier poste de secours. Je rempli vite faite ma poche à eau et me fait nettoyer la plaie. J’en profite pour discuter avec une concurrente de Lettonie et j’apprends que son point culminant se dresse à 350m d’altitude. Deux fois plus élevé que les 170m de mon terrain de jeu 😉

Arnuva (1771m) – Grand col Ferret (2525m) km31,3 2605m+ 1290m-
Sylvain 7:27:35 1382ème
Laurent 7:27:37 1383ème

C’est la première ascension où l’on peut grimper à son rythme et c’est lent. Dès que la pente dépasse les 15-20% j’ai vraiment l’impression d’être à la rue. Manque de fraîcheur, un syndrome de surentraînement moi qui suis sur la brèche depuis presque 5 mois avec la préparation de la XL-race d’Annecy au printemps où les sensations ont été bonnes dré dans le pentu et qui a enchaîné presque avec la préparation de la CCC? J’ai cette désagréable impression d’être souvent doublé. Je parle quelques mots avec un japonais qui vit à Londres et qui m’apprends que ‘good morning’ c’est ‘ohio’ comme l’état américain. Un peu plus d’une heure et demi pour monter. Je ne suis vraiment pas au top, et cela ne s’améliorera pas par la suite. Mais la feuille de route pour amener Laurent dans de bonnes conditions à Ferret est remplie, nous avons 1h40 d’avance sur la barrière horaire.

Grand col Ferret (2525m) – La Fouly (1611m) km 41,5 2803m+ 2402m-
Sylvain 8:53:06 1306ème 23 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 38 minutes
Laurent 9:05:31 1419ème 10 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 25 minutes

Au vu de mon état de grâce et comment se sent Laurent en descente nous décidons de continuer ensemble. Et puis j’ai une dette envers lui. Il m’a «traîné» durant tous les Templiers 2011 alors que j’avais une bronchite carabinée et n’avais couru que trois fois dans ce mois d’octobre (j’ai vérifié dans mes notes: laryngite + grosse fatigue et bronchite quelques jours avant la course). 13H51 d’effort ensemble, j’étais à deux doigts d’abandonner au 60ème kilomètre et seul j’aurais certainement été tenté de mettre le clignotant plusieurs fois. Parenthèse refermée.
Autant j’ai du mal dans les forts pourcentages en montée, autant je suis à l’aise en descente: ça remonte le moral. Vers la Peule un petit ravitaillement surprise disposé par des petits suisses, café et thé. Je me laisse tenter par un thé. On se fait doubler mais c’est pas grave, je suis parti en mode finisher. Je suis bien au-delà de mes temps espérés moi qui voulais rejoindre Champex avant la nuit, manger et mettre ma frontale.
Le ciel s’assombrit et peu de temps avant d’atteindre la Fouly il se met à pleuvoir des cordes.
Une petite hésitation, j’attends le ravitaillement pour mettre ma veste.
Une soupe chaude est la bienvenue mais qu’est-ce qu’elle est salée! J’enfile mes gants «chauds et imperméables» soit une paire de gants chauds recouverts de gants Mapa. Bien qu’il ne fasse pas froid j’ai horreur d’avoir les mains mouillées surtout lorsqu’on doit porter les bâtons dans les descentes roulantes.

La Fouly (1611m) – Champex-Lac (1465m) km55,5 3358m+ 3103m-
Sylvain 11:49:17 1301ème 35minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 1h13
Laurent 11:49:18 1302ème 35minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 1h

On finit la descente tranquillement et je montre à Laurent où se situe Champex et ça paraît loin. Avoir fait la reconnaissance de l’UTMB deux fois en trois ans permet de bien se repérer et c’est vraiment un avantage surtout lorsque la forme n’est pas vraiment optimale. Nous continuons de doubler quelques concurrents, la pluie continue de se répandre dans la vallée et nous entamons la montée vers Champex. Je préviens Laurent que la montée est plus difficile qu’il n’y paraît. La nuit fait son apparition assez tôt avec ce ciel chargé. Nos frontales déjà mises sur la tête et allumées nous permettent de dépasser plusieurs concurrents moins prévoyants. La montée me semble toujours aussi pénible même au rythme que l’on s’impose, c’est à dire molo molo. La bonne surprise c’est qu’en haut de la montée j’aperçois la route synonyme d’arrivée à Champex! Yes! Voilà une très bonne nouvelle. Au mois de juin il m’avait semblé que cette partie était beaucoup plus longue. Encore 50mètres environ de montée après avoir traversé la route et nous retrouvons le grand ravitaillement avec le repas solide tant attendu.
Mais des douleurs dans le bas du ventre et certainement une hydratation insuffisante me font prendre un plat de pâtes pour rien qui va se retrouver directement à la poubelle. Et trouver une place pour s’asseoir relève de la gageure! Il y a plein de tables et de bancs mais aussi plein de coureurs. Je prends un peu de fromage, pain, raisins secs, banane que j’embarque dans mon sac.
Je salue ma lettone d’Arnuva. On n’arrête pas de croiser et de recroiser du monde mais vu qu’il y a moins de filles elles se repèrent plus facilement. Etant saturé en sucré je prends mon premier gel de caféine (Gü framboise), il est 21 heures passées et bois deux bols de soupe derrière pour m’hydrater et surtout neutraliser cette sensation désagréable de sucré. J’annonce à Laurent que c’est la liaison la plus longue entre deux ravitaillements sur cette course (17km) mais que sur la première partie on va commencer par courir sur le plat le long du lac de Champex et qu’ensuite il y aura un faux plat descendant facile où nous pourrons envoyer.

Champex-Lac (1465m) – La Giète (1884m) km67,2 4191m+ 3517m-
Sylvain 15:08:03 1166ème
Laurent 15:08:52 1170ème

C’est ce que nous faisons et nous commençons par doubler quelques coureurs le long du lac puis après dans la légère descente. Avec la nuit je ne vois même pas les lumières du «Bon coin», certainement le meilleur gîte de tout ce tour du Mont-Blanc sinon un des meilleurs (miam les lasagnes, les confitures maison et le muesli-fromage blanc du petit déjeuner!).
Quand s’amorce la montée vers la Glète j’ai vraiment l’impression d’être face à un mur. Le pas est lent, je suis encore dans un temps faible, le moral n’est pas au mieux(, mais que suis-je allé faire dans cette galère?! Je me mets des images positives dans la tête et regarde derrière moi ce beau défilé de frontales. Après coup on ne s’est pas fait beaucoup doubler dans cette partie.
Il y a des coureurs qui nous rattrapent mais restent derrière nous, nous laissant faire le train et ouvrir la voie. J’ai l’impression d’être à fond ou plutôt de ne pas avoir beaucoup de forces pour avancer plus vite comme si j’étais épuisé et un couple d’espagnol se tape la discute derrière, tranquille et assez fort, ils chantent même quelques instants. Ils ont l’air bien, pourquoi ne nous doublent-ils pas? C’est agaçant et saoûlant! Je me souvenais pas que cette montée était aussi longue: interminable. Je dis à Laurent que c’est ‘là’ mais non, ça monte encore!
Après bien des déboires nous atteignons le sommet et commençons notre première véritable descente pour rejoindre la Glète. J’allume la frontale de secours que j’avais mise comme porte dossard sur les conseils de Julien Chorier et augmenter un peu la visibilité. Le terrain est vraiment gras, on se croirait sur les trails hivernaux bretons, la froideur en moins.

La Giète (1884m) – Trient (1303m) km72,1 4267m+ 4174m-
Sylvain 16:08:36 1148ème 35 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 1h48
Laurent 16:12:56 1170ème 31 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 1h31

La descente est grasse, je suis plus à l’aise que Laurent et il me laisse filer. Je ne vois vraiment pas grand chose avec ma super Petzl. Vu que je pense avoir un peu d’avance je ne rentre pas tout de suite au ravitaillement et ne me fais donc pas flasher tout de suite. Je me dirige au stand Petzl afin de demander s’ils ne pourraient pas régler ma frontale. En fait les piles sont mortes et ils me les changent, chouette! Effectivement on voit immédiatement la différence…
Je rentre au ravitaillement ou plutôt au ‘The UTMB Night Fever’. La musique à fond, il est 1H20 du matin. Difficile à supporter lorsqu’on vient de passer des heures dans le silence, interrompu uniquement par quelques paroles et le souffle court des coureurs. Remplissage de la poche à eau, deuxième gel de caféine et bol de soupe derrière. Le speaker indique qu’il reste encore 400 concurrents à passer et que 400 ont abandonné. Laurent arrive. Il s’est bien découlé 10 minutes depuis mon arrivée au stand. Là c’est Laurent qui semble encore moins frais que moi. Des toilettes sont présentes, on en profite.

Trient (1303m) – Catogne (2034m) km77,3 5093m+ 4269m-
Sylvain 18:18:52 1128ème
Laurent 18:19:24 1132ème

Quelqu’un a dit que la montée de Catogne était plus difficile que celle de la Glète, ça promet! D’autant que je suis bien incapable de me rappeler si c’est bien vrai.
Nous rentrons plus qu’au cœur de la nuit. Le début de la montée est raide pour moi, enfin comme d’habitude je pourrais dire. Nous rejoignons un concurrent qui a des bâtons mono-brins jaune qui iraient parfaitement avec ma veste speedtrail jaune et mes gants, d’autant qu’en dessous je porte pour la première fois sur une épreuve le maillot jaune Kalenji aux couleurs du Taillefer Trail Team. Mais le gars est plutôt du genre gros balèze rugbyman, je ne lui propose pas l’échange. Mais son rythme ne me plaît pas et je double, c’est bien rare dans cette journée 24h chrono.Il ne nous suivra pas.
Un peu plus loin nous rejoignons un autre petit groupe, la pente est toujours raide; là c’est Laurent qui attaque! Je lui emboîte le pas mais c’est dur! ‘Doucement Laurent!’ lui dis-je en dépassant le trio; ‘Doucement Laurent!’ me répondent-ils. Mais c’était uniquement pour les dépasser et imposer notre très très légèrement pas plus rapide.
La pente diminue peu après et je peux utiliser plus efficacement un rythme soutenu avec les bâtons en mode alternatif.
Un peu plus loin je vois que ça descend. Si on se mettait à courir, pensant que c’est juste une petite descente avant une remontée encore longue. On entend les vaches, la terre est très trail lourd breton hivernal ou très trail du Sancy 2013, les chaussures sont lourdes de gadoue et je prends de l’avance sur Laurent malgré mon sens de l’équilibre peu aiguisé mais les bâtons me sont bien utiles pour le garder. Je rejoins un point de contrôle et demande où on est: ‘C’est Catogne!’ Yes! Laurent arrive peu de temps après et je lui annonce la bonne nouvelle: que de la descente, enfin descente Vallonnée vers Vallorcine.
Cette montée m’aura semblé bien moins éprouvante que la Glète. Peut-être est-ce parce que j’ai plus bu et me suis alimenté un peu plus je ne m’en rappelle pas.

Catogne (2034m) – Vallorcine (1270m) km82,6 5126m+ 5066m-
Sylvain 19:29:43 1103ème 22 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 2h10
Laurent 19:41:58 1134ème 10 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 1h41

le reste de la descente est tout aussi grasse sur sa première moitié. Tout se passe bien, c’est de la descente! Rester concentré car je me retrouve tout seul et il faut ouvrir la voie. Il y a quelques petites remontées, je les avais oubliées celles-la… Les lumières de la vallée se rapprochent, c’est bon signe.
Pas du tout envie de dormir malgré le fait qu’on soit aux alentours des 4 heures du matin.
Vallorcine apparaît et il faut affronter des escaliers: ce n’est pas très agréable. Puis une pente herbeuse bien raide et bien glissante et enfin le bitume. Il y a des gens debout à cette heure-là pour nous encourager, cela réchauffe le cœur. Dans tous les villages traversés nous avons eu droit à des encouragements, à des ‘bravo’! Arrivée au ravitaillement. Pour moi c’est le dernier, du moins c’est ce que je pense. J’avais tablé sur le fait qu’à Vallorcine il me resterait 4 heures de course, ayant mis environ 3h30 à la reco et en trottinant tout du long jusqu’au col des Montets.
Un dernier gel de caféine puis un bol de soupe, un peu de fromage et j’emporte un peu de pain et du fromage. Laurent est arrivé peu de temps après moi et je lui indique quel l’on va pouvoir bien envoyer dans la montée vers le col des Montets car son pourcentage est raisonnable.

Vallorcine (1270m) – La Tête aux Vents (2127m) km90,3 5983m+ 5066m-
Sylvain 22:25:53 1048ème 5 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 2h15
Laurent 22:25:49 1046ème 5 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 1h46

Nous marchons vite en appuyant bien sur les bâtons. Nous doublons plusieurs coureurs ce qui n’a pas été très courant aujourd’hui dans les ascensions, enfin je veux dire depuis hier matin…
Avec la fatigue et l’obscurité je trouve que la pente est plus accentuée qu’au mois de juin en plein jour, mais comment ai-je pu courir sur cette partie? Julien Chorier m’avait rassuré: il n’y a que les dix premiers qui courent sur cette partie à ce moment-là de la course. Arrivés au col nous faisons une petite pause pour avaler un gel. J’annonce à Laurent que la montée est difficile, avec des marches et que quand on croit être arrivés au sommet c’est en fait plus loin, voire beaucoup plus loin… On monte toujours aussi ‘rapidement’, j’ai l’impression que des randonneurs avec des gros sacs nous doubleraient sans problème.
Le rythme est peu soutenu, une coureuse revient fort derrière et je lui demande si elle veut passer mais elle n’en fera rien et nous accompagnera tout au long de la partie aux forts pourcentages.
Un ou deux concurrents nous doubleront. Je me retourne de temps en temps et j’en vois arriver dont le pas est plus affirmé que le notre mais ils n’oseront pas doubler notre trio au rythme de sénateur.
La bonne nouvelle dans cette montée c’est que le jour va apparaître et il apparaît. En profitant des quelques serpentins nous pouvons voir tout le massif du Mont-Blanc qui s’éveille. C’est magnifique! Il y a une rivière de nuages qui coule dans la vallée. Le contraste est fantastique! A notre droite le massif des Aiguilles rouges étincelle sous les rayons du roi Soleil.
Je crois reconnaître le sommet où trône quelques arbres épars mais cela n’a pas l’air d’être là . Au loin une tente orange, nous y sommes! Je demande…eh non! C’est là-bas plus loin vous voyez? Vraiment interminable et traître comme montée même si nous avons fait le plus dur et que la pente s’est adoucie depuis un petit moment.
Je commence déjà à penser à ma descente… la Tête au vent est enfin rejointe et j’en profite pour faire une petite pause bienvenue. Je mange un peu, Laurent a une sale tête mais la mienne ne doit pas être mal non plus dans son genre, et lui dit qu’il devrait s’arrêter un peu à La flégère, prochain et ultime ravitaillement avant l’arrivée tant espérée et la dernière descente (928m) tant redoutée par beaucoup. Du coup on se fait doubler, étant à l’arrêt…

Avec Laurent (en rouge)

La Tête aux Vents (2127m) – La Flégère (1863m) km93,2 5993m+ 5340m-
Sylvain 23:26:15 1067ème 5 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 2h20
Laurent 23:26:21 1068ème 3 minutes d’arrêt, arrêt cumulé: 1h49

le balcon que nous empruntons pour rejoindre la Flégère est technique, il y a quelques marches hautes, merci les bâtons d’autant plus avec la fatigue accumulée! Quand on n’a pas le pied montagnard on perd beaucoup de temps dans cette partie, d’autant plus que les roches glissantes par la pluie qui a dû tomber hier ou cette nuit.
On aperçoit la Flégère et le dernier coup de cul sur un chemin facile. Une petite descente juste avant, je double deux-trois coureurs; Laurent n’est pas loin derrière. La dernière montée, toute petite, commence et je suis à l’arrêt et pense déjà à la descente. Une fille que je venais de doubler peu de temps avant me rattrape et me dépasse en tenant ses deux bâtons de la main gauche et le téléphone à la main droite prévenant son mari ‘Je suis crevée, j’avance pas, j’ai mal aux genou…’ et elle continue à me prendre des mètres et des mètres. Laurent me rejoint juste avant le ravitaillement.

La Flégère (1863m) Chamonix (1034m) km101,1 6092m+ 6268m-
Sylvain 24:23:23 994ème temps d’arrêt cumulé: 2h20
Laurent 25:01:14 1099ème temps d’arrêt cumulé: 1h49

Me sentant encore en forme et motivé ce qui durant cette journée n’aura été valable que pour les descentes, je prends mon temps pour ranger ma frontale dans le sac, ôter ma veste que je porte depuis La Fouly et mes gants ‘chauds et imperméables’. Il faut que je sois beau pour la photo finish avec le maillot et le Buff du Tailllefer! Un morceau de fromage et du pain dans la bouche et c’est parti! J’utilise encore mes bâtons car le tout début de la pente est bien raide. Je commence à doubler certains qui s’étaient mis en mode marche.
Après on sort de la piste pour un petit virage à gauche et rejoindre un chemin moins large, plus technique, peuplé de quelques racines et de cailloux affleurants. Je replie mes bâtons et là, c’est vraiment parti! Je double Laurent à qui j’avais dit de ne pas m’attendre au ravito et que je le rejoindrai.
C’est une sensation vraiment grisante, je vais vite, je double des concurrents qui marchent ou qui trottinent difficilement à coup de ‘droite!’; ‘gauche!’.
Un coureur m’a emboîté le pas je ne verrai jamais son visage…Pour le coup c’est motivant de faire un ‘run’ et d’ouvrir la voie en choisissant la meilleure trajectoire, celle où il y a le moins de petits obstacles.
Malgré tout je me fait doubler trois fois dans la descente dont un qui me double comme un avion alors que j’allais vite, du moins pour moi et que les sensations étaient géniales. J’en redoublerai un avant de rejoindre Chamonix. Mon suiveur craque à un moment où il y a un replat et je m’oblige à trottiner alors que mon corps veut marcher. Heureusement ça ne dure peu de temps et la pente s’accentue de nouveau.
On reçoit des encouragements des promeneurs qui marchent en sens inverse, ‘merci merci’.
Chamonix arrive enfin! J’ai la banane et me sens encore frais pour courir sur du ‘vrai’ plat bitumé.
Le long de la rivière je me fais doubler une fois par quelqu’un encore plus frais que moi, ‘M’enfin!?’. Les applaudissements et les encouragements arrivent de partout, ‘merci, merci!’. Avant le dernier virage je pense à Mister Templiers notre cher président et déclipse mon attache pectorale pour que le logo du TTT soit bien présent pour la photo finish:-):-).
Résultat : 24h23mn23sec 994ème

Je récupère ma veste sans manches de finisher, aux couleurs du Brésil mariée avec le t-shirt jaune reçu aux retrait des dossards. J’attends tranquillement Laurent au petit ravitaillement d’après course. Un chaise est la bienvenue et j’enlève mon maillot jaune du TTT pour enfiler mon maillot ‘chaud à manches longues’ obligatoire pour la course qui ne m’aura pas servi jusque là car les températures auront vraiment été clémentes durant la nuit. J’en profite pour boire eau gazeuse et boisson Overstim de récup à la vanille. Pas mauvais du tout, c’est un goût relativement neutre qui passe bien.
Au final j’aurais gagné 73 places dans le final. J’ai bien fait de m’économiser un peu avant. Mais l’ai-je vraiment fait exprès? Je me renseigne auprès du stand kilométrage afin d’avoir le temps d’arrivée estimé de Laurent: j’ai encore un peu de temps. Mais les estimations sont trompeuses. Mon père qui me suivait via le Livetrail avait vu que je devait arriver vers 11h-11h15 et je suis arrivé pour 10h35.
Laurent arrive, finisher! Eh oui tu es finisher mon frère d’armes de trail!
25h01mn14sec 1099ème

C’est satisfaits et fiers d’avoir couru cette épreuve presque ensemble de bout en bout que nous rejoignons l’hôtel à deux pas. Une bonne douche, une bonne sieste et nous rejoignons le restaurant des finishers situé dans le même complexe que pour le retrait des dossards. En le rejoignant nous entendions le speaker annoncer l’arrivée imminente de François D’Haene mais la faim avait pris le dessus. Ce n’est pas grave, un écran nous attendait au déjeuner et nous avons pu voir l’arrivée du vainqueur, pulvérisant de plus de 20 minutes le record précédent de Xavier Thévenard en 2013. 20h11mn: la barrière des 20 heures est donc possible, surtout que j’ai su par la suite en discutant avec un finisher le lendemain matin qui semblait relativement frais qu’il avait plu pendant les 6 premières heures de la course. D’autant qu’après La Fouly on leur avait laissé un terrain bien gras presque digne par endroits du trail du Glazig…
Rehôtel, resieste tout en entendant les commentaires du speaker fenêtre ouverte.
Pour la deuxième place on entend qu’elle ne sera pas disputée. En effet Iker Karrera attend Tofol Castaner à La Flégère pour faire une arrivée commune. Ils arriveront en un peu moins de 21 heures. Un contrôle des sacs donnera 3 minutes de pénalité à Karrera pour absences de piles de rechange. Je suppose que Tofol a refusé sa deuxième place non partagée puisqu’au final ils sont 2ème ex-aequo.
On entend arriver la première femme, Rory Bosio, encore en moins de 24 heures pour cette année. Elle demeure toujours la seule femme à avoir accompli cet exploit et ce, deux années d’affilée avec un beau 22h30 et quelques l’année dernière.
Il doit être aux environs de 19h30 lorsqu’on nous entendons le speaker annoncer l’arrivée imminente d’Anton Krupicka, le hippie traileur. Nous sortons de l’hôtel pour voir le phénomène, de toute façon nous commencions à avoir faim! Et nous voyons arriver un mec en marcel, short court de pistard, tout bronzé, tout barbu et avec un sac tellement petit que je me demande une nouvelle fois encore comment peut-il y avoir suffisamment de place pour ranger tout le matériel obligatoire. Mais c’est un autre débat.
Pourquoi arrive-t-il si tard me direz-vous (c’est relatif je sais bien)? Il s’est arrêté à Champex pour y dormir trois heures et demi.
Pizza ensuite: on a songé toute la nuit à ce que nous mangerions le samedi soir ainsi que le dessert: œufs à la neige pour moi et banana split pour Laurent ainsi qu’une bonne bière! Je squatte l’iphone de Laurent pour voir où en sont Arnaud et Carole. Arnaud a dû abandonner, pas cool! Carole est encore en course. Laurent doit prendre le train de 9h14 le lendemain et moi le prochain, celui de 10h14. Est-ce que je serai encore là pour son arrivée et la féliciter, je ne le sais pas encore, la nuit nous le dira…

Dimanche 31 août

Réveil 7 heures, Je tanne encore Laurent avec son iphone pour voir où en est Carole: elle n’est encore arrivée à la Tête aux Vents. Notre synchronisation des montres va être difficile! Petit déjeuner 7h30. Nous croisons Sébastien Chaigneau et sa femme dans la salle. Des japonais lui demanderont de poser avec eux pour une photo. Nous n’osons pas. Ca y est elle a franchi la Tête aux Vents; ça demeure jouable!
J’accompagne Laurent à la gare. En sortant de l’ascenseur nous croisons Seb Chaigneau et nous lui demandons s’il acceptait de se faire prendre en photo avec nous ce qu’il accepte volontiers. Nous discutons quelques instants en lui parlant de sa vidéo sensationnelle dans le Colorado avant la Hardrock. Sa femme m’a appris juste avant qu’il souffrait comme Martin fourcade d’une mononucléose, donc pas de course en vue, du repos et de la guérison.
Sur le chemin de la gare j’en profite pour suivre sa progression: elle atteint La Flégère juste avant que Laurent ne prenne sont train.
Temps d’arrivée estimé: 10h21. Mon train est à 10h14, allez Carole!
Je sais que c’est une excellente descendeuse, elle m’a doublé comme un avion sur la première descente de la deuxième journée de la XL-race alors que mes cuisses n’avaient pas encore récupéré de la veille, mais après 40 heures d’effort on ne sait pas trop mais j’ai confiance.
J’avais vu que le vainqueur était descendu en 41 minutes, je ne prend pas de risque et quitte l’hôtel à 9h30. Je laisse mes bagages par terre le long des barrières, histoire de libérer mes mains afin d’applaudir tous ces glorieux et glorieuses finishers. Il est 10 heures est passé, je m’inquiète un peu. Mais à 10h09 le dossard 1538 arrive: ‘bravo Carole!bravo le Taillefer’ j’en give her five! En plus ça lui fait plaisir ‘merci Sylvain’ et elle file vers l’arrivée tant méritée.
J’ai juste le temps de rejoindre mon train et rentrer vers le massif francilien.

Mais mon compte-rendu rendu n’est pas fini. La suite est la faute de notre rugbyman traileur de Mayou qui lors de ces compte-rendus tire un bilan +/- de ses courses. Car cette épreuve est pour moi plus qu’une course, pas la CCC en elle-même mais un run au delà de 20 heures d’effort pratiqué en montagne a été riche d’enseignements pour le citadin que je suis.

Bilan

Points négatifs:
1) sensation d’être fatigué dès le début dès que la pente s’accentue. Peut-être dû à du surentraînement. J’ai été sur la brèche depuis le début avril soit cinq mois avec deux préparations de 8 semaines chacune pour la XL-race d’Annecy fin mai début juin et la CCC fin août, le tout entrecoupé par une reconnaissance fin juin de l’UTMB à une vitesse un peu élevée a près coup, mais quand on est serre-file pendant 4 jours ce qui ne m’était jamais arrivé il faut envoyer à son niveau bien entendu pour ne pas faire attendre trop ceux de devant comme en randonnée.
Mais en randonnée c’était moi qui attendait les autres et qui donc me reposait.
? Donc sur ce type d’ultra montagnard: diminuer plus le nombre de séances, leur durée et leur intensité dans les 2-3 dernières semaines surtout lorsque c’est finalement le ‘deuxième’ ultra de l’année.

2) rester moins longtemps aux ravitaillements ce qui ne devrait pas être difficile avec une montre et en courant tout seul.
3) prendre du pain à chaque ravitaillement après 5-6 heures de course où je ne supporte plus ce goût sucré (barres, gels) qui reste dans la bouche et permettre de le neutraliser.

Points positifs:

1) finisher!

2) avoir partagé la course avec mon ami Laurent, 23h ensemble à peu de choses près, record des Templiers pulvérisé!

3) avoir fait la course en duo en somme nous a remonté le moral à tous les deux, moi qui revoyais mes prévisions à la baisse et Laurent qui ne pensait pas terminer en prenant le départ, lui le roi du temps d’entraînement indisponible.

4) à l’aise finalement dans les descentes même sur terrain gras, merci les bâtons!

5) descente de la Flégère à bloc pour finir la course, donc jambes encore ‘fraîches’; sensation grisante de ce run en doublant un paquet de coureurs et avec le sourire en pensant à l’imminence de l’arrivée.

6) les bâtons désarticulés: super pour les descentes roulantes quand leur aide ne m’est pas nécessaire, ils sont moins encombrants et libèrent plus la foulée.

Points à travailler pour le prochain ultra de ce type :

• Haut du corps

1) chiper un des quatre massifs grenoblois pour au moins avoir un mille mètres vertical à 10 minutes en footing de chez moi. Mais l’UT4M ne serait plus que l’UT3M…
2) continuer à faire du gainage régulièrement jusqu’à une semaine avant au lieu d’arrêter pendant un mois. Le haut du corps travaille beaucoup mine de rien lorsqu’on utilise des bâtons de surcroît.
3) séance de côtes en marchant avec bâtons au lieu de les faire en trottinant. Utile pour la moyenne montagne type Sancy-Hospitaliers mais inutile avec des montées au delà de 700-800 mètres. Allongement du temps de montée et rapprochement des conditions de course et le faire sur le chemin peu carrossable qui procure une marche irrégulière reproduisant un peu ce que l’on rencontre sur la montée de la Tête aux Vents par exemple.
Utiliser l’autre côte plus raide encore de l’autre côté de l’étang et faire des boucles pour moins ‘coincer’ sur les fortes pentes type Grand Val Ferret- la Glète- Tête de la Tronche.
4) améliorer la technique de marche nordique sur la boucle du plateau (2,3km?). Aller vite mais en finissant bien le geste avec le bras bien derrière soi. Je l’ai bien réalisé sur les faibles pentes type col des Montets- deuxième partie de Catogne.
5) travail avec Elastiband et simuler le pas alternatif pour le travail spécifique des bâtons et renforcer ainsi bras et muscle grand dorsal.

• Bas du corps

Transformer mon physique d’éthiopo-kényan ou de kényano-éthiopien (1,71 m et 57,7 kg: gabarit moyen des marathoniens en moins de 2h07) (source: Zatopek de ce mois).
Je n’ai pas le moteur;-) mais la même taille et je ne pèse même pas cela après les repas des fêtes de fin d’année.

1) continuer la session hebdomadaire de pliométrie avec mon club de ping.
2) y ajouter du travail de fentes avant.
3) ajouter du poids en étant sur la plaque d’équilibre pour la proprioception.
4) avoir le courage de sortir le vélo et faire des côtes en danseuse afin de gagner de la puissance dans les jambes.

Conclusion :

J’ai vraiment eu l’impression de vivre quelque chose d’exceptionnel. Bien qu’ayant déjà à mon actif une vingtaine de trails en 4 ans à peu de choses près dont 6 trails longs, le fait de passer tout une nuit dehors est vraiment quelque chose de très particulier; il se passe plein de choses dans le corps dont les conséquences sont ressenties même 9 jours après au moment où j’écris cette conclusion. Je pense que Carole qui vient de brillamment terminer son troisième UTMB et de passer deux nuits dehors pourrait en parler encore mieux que moi… Beaucoup de fatigue et de lassitude mais à la fois du bonheur, de la joie et plein d’ondes positives qui émanent de soi.
Une véritable aventure intérieure!

Feuille de route de Sylvain

Feuille de route de Laurent

Sale tête le lendemain pour poser avec Seb Chaigneau

5 thoughts on “CCC® 2014 : le « Roman » de Sylvain

  1. Ah non hein, pas touche à mes 4 massifs Sylvain ! tu les laisses où ils sont, ils y sont très bien :-p
    Bon sinon vu que t’as le gabarit tu peux toujours te recycler en marathonien, pas besoin d’entraînement en côte !

  2. Bravo sylvain ! Le terrain d’entraînement de Clamart/Meudon n’est pas si mal que ça ! 😉 Bonne récupération maintenant.

  3. Merci mister Templiers 🙂
    Mais Kilian a un gabarit similaire : nous faisons la même taille, nous avons tout en commun sauf que je suis blond et qu’il est brun et que je ne parle ni l’espagnol, encore moins le catalan ;-)!
    Kaolla : ton prochain objectif est un 24 heures sur route, moi je me contenterai des 10 km bitumeux d’Odyssea (en plus c’est pour la bonne cause) et c’est bien suffisant!
    j’ai fait 3 marathons dans une vie antérieure , le dernier il ya 10 ans.
    J’ai eu la malencontreuse idée de vouloir faire un semi 3 semaines après m’être éclaté sur les Hospitaliers en 2012 (orienté vers cette course sur les conseils de Mister Templiers ;-), encore merci président!!) et au ça a été un calvaire mental dès le…3ème kilomètre…alors non merci!
    Et ça manque de montagnes.
    Avant j’allais dans mon bois pour courir sur le plat, maintenant je ne tiens pas plus de 5 mn sans touner à gauche ou à droite pour attraper une descente et la la remonter ou la suivante 😉
    Pour l’anecdote je suis allé faire mon premier footing post-course au stade de Vanves, piste qui est la plus proche de chez moi: 7 coureurs engagés: 4 utmb 3 ccc ou l’inverse : 7 finishers dont un qui fin peau complètement arrachée sous les pieds!
    J’ai papoté avec un monsieur d’un âge respectable,l’ennemi juré du Ricard et non du du Ricardo, premier vainqueur du marathon de Lyon en 2h17 et avec une pointe sur cette distance à 2h14mn30sec… il veut s’initier au trail après de multiples blessures. Il avait mis 2h15 au 30km de l’Eco trail de Paris en ayant en plus un gros coup de moins bien et marchant un peu plus qu’il n’aurait voulu…
    Vous pourriez « c’est un mytho! » Mais l’année dernière et pour paraphraser Coluche « Quand tu cours à la corde et fait tes 200m à 16 à l’heure tu laisses la place et prends la ligne 2, quand un mec fait ses 400m à 20 à l’heure » et qu’en plus il était en phase de « reprise » à ce moment là 😉

  4. la sortie longue du diamcnhe matin l’hiver coupée à l’heure de pliométrie du dimanche en fin d’après midi au ping et on doit avoir largement plus des 1000m de descente dans les cannes…

Répondre à syklvain Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *