Par Gilles LE MOIGNE.

Cette citation de Chris McCandless (Into the Wild) et souvent repise par l’Ami Ricoré a pris tout son sens lors de cette édition 2014 de l’UTV :

Après la version quatro de l’an dernier, cette année je tentais la version duo avec mon équipier de choc Isma! Je préviens tout de suite : ne comptez pas sur moi pour la version solo l’an prochain!!
Vers 8h du mat je rejoins le ravito de Corrençon, les premiers coureurs des relais à 2 arrivent, ils auront mis 2 heures pour faire les 24 premiers km et 940m de dénivelés, ça traine pas! ils leur reste encore 17 bornes et 1230km à faire tout de même! Isma se présente au ravito à 8h30, il a l’air plutot frais et lucide. La pause est rapide, après recharge de la poche à eau et changement de T-shirt il repart au trot vers l’ascencion de la Petite Moucherolle.
Entre temps je retrouve Mayou qui fera comme moi le second relais, son partenaire, Fab étant passé à Corrençon à 8h15, très en forme il pointait à la sixième place.
On monte à Cote 2000 ou est prévu la passage de relai. Vers 9h20 les premiers coureurs solo passe, leur fraicheur apparente est impressionante, ils se sont juste tapés 41km et 2200m de D+ en 4h20!! Mayou part se préparer, on estime que Fab devrait arriver vers 10h30 et Isma 40 min plus tard environ. La chaleur commence à se faire sentir, le soleil tape et je me dis que cela risque de rendre l’ascension du Moucherotte délicate.
A 10h40 Mayou part en cinquième position. 3/4 d’heure plus tard c’est à mon tour. Isma a réalisé une super perf, il a réussit à tenir bon dans la dernière ascension et n’a rien laché, il me passe le relai en 24eme position.
Il est 11h30 quand je m’élance, la première partie vers Lans en Vercors et plutot roulante, je me méfie et préfère partir prudemment. J’arrive à Lans en 1h50 encore frais mais je m’inquiète car je ne me sens pas vraiment dans la course, les sensations ne sont pas très bonnes. Je prends le temps de boire et de recharger ma flasque. Je décide aussi de jeter un oeil à la poche à eau de mon sac. J’ai eu quelques soucis de fuite au niveau du raccord 15 jours plus tot lors d’une sortie longue. J’avais pensé avoir résolu le problème mais là je découvre que la poche est vide!! Je l’avais enveloppé dans un sac plastique par sécurité et toute la flotte est dans le sac en question. Des randonneurs super sympas m’aident à bricoler un système pour que la poche ne fuite pas trop. Marianne, une coureuse en deuxième relais comme moi me dit qu’elle a 1,5L et un bidon de 500ml au cas où j’ai besoin d’aide, ça c’est l’esprit trail!! Je repars et je passe un coup de fil à Isma pour qu’il me retrouve au prochain ravito avec sa poche à eau.
J’entame donc la montée du Moucherotte en me disant qu’il va falloir que je rationne la flotte alors qu’il y a un soleil de plomb et que le prochain ravito se trouve à plus de 11km. Le début de la montée est terrible, le tracé passe par un chemin de chamois avec cordes fixes, ça va me casser les pattes! Très rapidement je suis dans le rouge, déjà que j’avais du mal à être dans la course, là ça devien l’enfer!! J’essaye de me caler sur le rythme des solos, mais même ça j’ai du mal! Je vais perdre énormément d’energie et de temps dans ce début d’ascension!
Le moral remonte à mesure que la pente s’adoucit, je finis par trouver un rythme qui me convient, mon seul but est d’arriver au sommet sans me déshydrater, je guette les signes de crampe. L’air est un peu plus frais en haut, les randonneurs croisés dans la montée nous encouragent ce qui fait toujours du bien au moral. Arrivé en haut la vue est superbe, je suis content de pouvoir entamer la descente. Plutot technique, elle me convient bien.
Au milieu de la descente je retrouve un type qui gueule sur les coureurs et devinez qui c’est? Isma, mon chevalier blanc!! Venu m’apporter de l’eau!! Un vrai bonheur!! On file ensemble sur St Nizier. Au ravito je prends le temps de me reposer à l’ombre et de m’alimenter un peu, je n’ai rien pu avaler depuis le début. Isma s’occupe de faire l’échange de poche à eau. Cette pose d’un quart d’heure me fera un bien fou, je repars les batterie rechargées, serein car je sais que j’ai de l’eau et content d’avoir eu un relayeur/assistant aussi efficace!!
Lorsque j’avais regardé le profil, j’avais noté que la seconde partie de la course serait difficile vu mes piètres qualités de grimpeur. Je ne me suis pas trompé, la montée vers la Molière au dessus d’Engins est particulièrement casse patte! Je decide de me caler à un rythme qui me convient, de laisser le cerveau divaguer et de juste mettre un pied devant l’autre. Je remonte pas mal de solos qui sont dans le dur. Je suis impressioné par leur capacité de résistance, ces types sont des extra terrestres !! L’arrivée au niveau de l’alpage est superbe on a une vue magnifique surtout avec la lumière rasante du soir. Je bascule dans la descente vers Autrans, je suis étonné que mes jambes répondent encore aussi bien. Si seulement je pouvais avoir les même capacités en montée! Encore une fois Isma est venu me rejoindre. On filera ensemble jusqu’au ravito d’Autrans. Je prends le temps de me poser (un peu trop peut-être), bois une soupe et recharge un peu les batteries. Là encore les bénévoles sont super sympas.
Isma tient à m’accompagner pour la dernière portion de 7km vers Méaudre, bien entendu cela me fait plaisir, même si je ne veux pas qu’il se grille non plus. On repart donc ensemble, j’ai du mal à relancer sur le plat et les montées sont délicates, mais avoir une pipelette à mes cotés m’aide à avancer.
On va garder notre petit rythme jusqu’à Méaudre, je sens que l’arrivée n’est pas loin et que le calvaire va prendre fin, je suis heureux. J’ai eu de gros moments de doute après Lans mais Isma m’a vraiment remonté le moral et l’envie d’aller au bout a toujours été plus forte.
Je franchis la ligne à 20h07 après 8h37 de course soit 1h de plus que mes prévisions (qui n’étaient pas spécialement optimistes). Nous finissons 34eme après 14h04 pour venir à bout de cet UTV, soit 3h de plus que nos compères Fab et Mayou qui ont finis deuxième!!
Place à la décompression d’après course, on mangera en compagnie de Fab et on croisera aussi Guy au repas d’après course. Tout le monde a le sourire, la journée a été longue et difficile pour tous mais le bonheur d’avoir fini prend le dessus!
En conclusion ce fut une course plutot contrastée. C’était ma deuxième expérience sur ce format (après le marathon de la transvu), je prends malgré tout toujours plus de plaisir à courir sur ces distances que sur les courts. J’ai clairement souffert de la chaleur, je perds 10 places dans l’ascension du moucherotte, l’écart restant stable par la suite.
Par contre l’aventure humaine était extraordinaire, pouvoir suivre les exploits de Fab et Mayou en direct était génial. Courir dans ce superbe cadre avec mon pote Isma vaut tout l’or du monde, c’est pour vivre des moments comme cela que je fais du trail, merci encore Isma!
L’orga de l’UTV est vraiment top, les bénévoles ont toujours le sourire, le balisage est nickel, les ravitos bien fournis. Je n’ai pas vu un gel ou un papier par terre sur l’ensemble du parcours! Un grand bravo à tous les athlètes et en particulier à ceux qui se lancent en solo!
Vivement la prochaine!

2 thoughts on “UTV 2014 : Le Bonheur ne vaut que s’il est partagé

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